Le thème Shakespearien
Ophélie reprend le thème shakespearien de l'héroïne d'Hamlet, Ophélie, femme délaissée amoureuse d'un prince qui devient folle et se noie de désespoir. Le poème est composés de neuf quatrains d'alexandrins à rimes croisées avec une numérotation de trois chapitres inégaux, deux égaux de quatre quatrains chacun et le dernier d'un seul quatrain comme un refrain isolé. Cette forme donne au poème une allure de complainte. Le nom anglais d'Ophélie "Ophélia" repris par Rimbaud confirme l'identité du thème. Le manuscrit daté du 15 mai 1870 est joint à la lettre que Rimbaud envoya quelques 10 jours plus tard au poète Parnassien Banville. Dans Hamlet, l’héroïne de Shakespeare est amoureuse du prince, mais incapable de comprendre sa folle quête de la vérité, finit par sombrer dans la folie, quand elle se croit abandonnée de son amant, et par se noyer de désespoir.
Pour plus d'informations sur le mythe d'Ophélie :
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Pour plus d'informations sur ce poème :
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Le Cahier de Douai, ou Les Cahiers de Douai, ou le Recueil de Douai ou encore le Recueil Demeny, est un ensemble de vingt-deux poèmes écrits par Arthur Rimbaud alors adolescent. Rimbaud en remet des copies, lors de deux séjours à Douai en septembre et octobre 1870, sous forme d'une liasse manuscrite sans titre à Paul Demeny, en lui demandant de les brûler, chose que Paul Demeny ne fera pas. Ce dernier les publiera en recueil en 1893. Ce recueil est le seul qui contienne les tout premiers écrits connus de Rimbaud, marquant ainsi les débuts de sa carrière poétique. Aux poèmes amoureux (Première soirée, Rêvé pour l'hiver) se mêlent des poèmes à visée politique (Rages de Césars, Le Mal, Les Effarés) et satirique (À la musique, L'Éclatante Victoire de Sarrebrück).
Pour plus d'informations sur les Cahiers de Douai :
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Un poème en musique - Un poème en chanson
Poème "Ophélie" d'Arthur Rimbaud (1854 - 1891) mis en musique par EratoRevival. La musique est entièrement électronique et créée avec plusieurs outils dont des IA.
Arthur Rimbaud - Cahiers de Douai, 1870
℗ 2024 EratoRevival
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Pour d'autres poèmes de Rimbaud mis en musique:
: Première soirée
: Ma Bohème
: Bal des pendus
: Sensations
: Le coeur volé
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I
Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles…
– On entend dans les bois lointains des hallalis.
Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir;
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.
Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s’inclinent les roseaux.
Les nénuphars froissés soupirent autour d’elle;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d’où s’échappe un petit frisson d’aile :
– Un chant mystérieux tombe des astres d’or.
II
Ô pâle Ophélia ! belle comme la neige !
Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté!
– C’est que les vents tombant des grands monts de Norwège
T’avaient parlé tout bas de l’âpre liberté;
C’est qu’un souffle, tordant ta grande chevelure,
A ton esprit rêveur portait d’étranges bruits;
Que ton cœur écoutait le chant de la Nature
Dans les plaintes de l’arbre et les soupirs des nuits;
C’est que la voix des mers folles, immense râle,
Brisait ton sein d’enfant, trop humain et trop doux ;
C’est qu’un matin d’avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s’assit muet à tes genoux !
Ciel! Amour! Liberté! Quel rêve, ô pauvre folle !
Tu te fondais à lui comme une neige au feu :
Tes grandes visions étranglaient ta parole
– Et l’infini terrible effara ton oeil bleu !
III
– Et le poète dit qu’aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis,
Et qu’il a vu sur l’eau, couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.