A 850 km au nord de Rangoon et à 180 km de la frontière chinoise, se trouve Mogok, la capitale mondiale du rubis. Mais Mogok est une cité interdite. De tout temps, les Birmans ont fermé la ville aux étrangers pour en faire un coffre-fort, gardant jalousement le secret de l'extraction des rubis. La prise du pouvoir, en 1988, par les militaires n'a pas arrangé les choses. Les rubis birmans sont réputés être les plus beaux du monde. Ils sont extraits de mines à ciel ouvert. Les plus grandes sont de gigantesques carrières qui éventrent la montagne.
Si, dans la principale mine gouvernementale, des engins mécaniques arasent le sol, tout le travail d'extraction se fait à la main. On extrait à la pioche. La ville de Mogok, environ 15 000 habitants, ne vit que par et pour les rubis, dans une folie permanente. Des acheteurs viennent de Chine ou d'Inde par dizaines. Il existe en ville quatre marchés quotidiens aux rubis, dont un est fréquenté uniquement par les hommes.
Beaucoup d'entre eux sont taillés sur place, souvent par des indiens. En 1995, si quelques permis spéciaux ont été délivrés au compte-goutte le dernier film sur Mogok, tourné en noir et blanc date des années cinquante. Aujourd'hui, notre reportage sur les mines de Mogok fait donc figure de document.
Réalisateur : Daniel Cattelain